L’écroulement d’un Baobab
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Quand un baobab s’écroule, tout le village en parle. C’est normal, car il est le fruit de nombreuses graines ; il constitue une source de vie, d’espoir et de quiétude. Il faut le vivre pour y croire. Le 13 novembre dernier, un baobab s’est écroulé ; un écroulement qui paralysa tout une famille et toute une communauté. C’est le pilier de tout un monde. Par son parcours, il est un repère. Par son pouvoir, il symbolise la force. Par ses réalisations variées et significatives, il sert de rappel à la possibilité de l’impossible.  Cette crise brusque, personne ne s’y attendait et malgré cela, ce baobab reste et demeure une source de fierté et une des lumières de sa génération qui continuera certainement à briller à travers sa personne et ses œuvres.

Personnellement, cette épreuve soudaine a servi de rappel à la fragilité de l’existence humaine et aux dangers de mon entêtement. Étant l’œuvre de ce baobab, je pensais naïvement avoir déjà atteint sa force. Nos batailles pour la réalisation de nos aspirations communes, en privé, étaient multiples et constantes. Quoi de plus normal quand deux esprits plein d’idéaux se rencontrent, ils finissent toujours par s’affronter pour définir le meilleur chemin à emprunter. Je suis son produit et Dieu m’a doté de sa subtilité ainsi que son intelligence. Tout comme lui, je ne me laisse pas faire et sans conviction, je n’agis guère.

Au-delà de l’héritage, ces contradictions s’expliquent aussi par nos expériences car nous avons grandi dans des univers différents. D’une part, il a grandi dans la précarité et la privation sans savoir vers qui se tourner tandis que je grandis dans l’abondance et d’autre part, il a rencontré de nombreuses embûches pour y arriver contrairement à moi. Il a souffert longtemps avant d’arriver à ce stade de sa vie alors que je suis arrivé à ce stade sans souffrir. Il a commencé à Zero et je commence à plus un. De ce fait, on ne pouvait ni avoir les mêmes approches, ni les mêmes sensibilités. Pourtant, malgré la multiplicité de nos contradictions et la divergence de notre vécu, on n’est pas si différent tout compte fait.  Je suis le produit de sa force et une réaction à sa faiblesse. Je suis ce qu’un fils doit devenir.

Aujourd’hui, ces contradictions me manquent énormément et je réalise un peu plus qu’elles étaient un moyen de clarification et de compréhension. Malheureusement, aveuglé par mon obstination, j’avais perdu de vue que j’avais encore beaucoup à apprendre. Ainsi, je réalise que je ne pourrai affronter ce monde qui se dessine devant moi sans l’aide de ce baobab car je suis loin d’être prêt et il en est conscient. Je sais qu’il a toujours assumé ses responsabilités parentales à la lumière de ses convictions. Cette responsabilité de préparation, il l’assumera et l’assurera pleinement. Je suis intimement convaincu que ce baobab se relèvera haut et encore plus fort, inshallah.

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