Sekou Toure
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L’expérience guinéenne était donc une source de fierté, de ferveur et de courage mais l’histoire s’en souviendra comme un échec palpable et pitoyable. La Guinée se précipita spontanément et impulsivement dans l’indépendance et comme l’avait prédit le général de Gaulle, ‘la Guinée en tirera les conséquences’ de cette décision. Sékou Touré et son clan politique du PDG domineront la Guinée et récolteront les fruits de cette indépendance précoce et impolitique. Tout acte de révolte ou d’expression contraire à la volonté du maître suprême sera connu comme un complot contre le régime. Chaque complot servira de distraction de l’incapacité du régime de tourner la Guinée vers le chemin du progrès. Plus de 50000 personnes perdront la vie durant son règne démoniaque comme l’estime Amnesty International. En plus, le départ de la communauté française créera un vide dans le pays qui poussera étudiants et cadres à rentrer au pays.

Sans retenue, de braves individus rentreront dans l’espoir d’accomplir leur devoir de citoyen, mais se trouveront dénier leur droit d’individu.

Des jeunes, ambitieux, fiers et patriotes sombreront dans les geôles du camp Boiro où seront victimes du Sékouteerisme. Ce nouvel État avait pourtant besoin de toutes les forces pour devenir un modèle de libération africaine. Pour la première dans l’histoire de l’Afrique subsaharienne, une nation africaine avait le droit de gouverner et de s’autogouverner. Malheureusement, cette période donnera à  tout jamais naissance à une idéologie politique, sociale et économique fondée sur trois principes: l’intimidation, le culte de la personnalité et la propagande mensongère. Ce faisant, ce système politique induira à la déresponsabilisation individuelle et collective, devenue la norme du pays.

Plus de 50 ans après, ce NON deviendra à tout jamais un symbole de fierté pour les uns, et un devoir mémoire pour ceux qui sont dotées d’une conscience morale.

Le passé de la Guinée est une tragédie nationale qui montre le chemin à jamais retraverser. Malheureusement, l’ombre de Sékou hante toujours la Guinée. Avec l’amnésie collective de chaque génération, tout ce sacrifice n’ a eu aucun sens. En lisant le récit des victimes du camp Boiro, je suis toujours surpris de voir que la vicissitude de cette période ne les a rendus ni cynique, ni pessimiste ou ni optimiste. Leur refus d’embrasser une attitude de victimisation ou d’héroïsme est un rappel et un guide à cette nouvelle génération qui aspire tant à édifier une nation guinéenne démocratique et prospère. De ce fait, il est impératif de se connaître à travers l’histoire pour s’inspirer, s’orienter et se guider dans l’action. C’est le seul moyen de changer le cours de l’histoire. Comme le dit Mamadou Kolon, ce combat sera titanesque mais pas impossible.

 

 

 

Comments (1)

  1. Il y a eu des jeunes qui ont renoncé à de brillantes carrières ou qui ont à la poursuite de leurs études à l’étranger pour aller servir le peuple de Guinée. Nombreux parmi ceux qui n’ont pas réussi à aller en exil ont fini dans les différents camps de concentration disséminés dans le pays. Et aujourd’hui, notre présidence porte le nom de l’auteur impuni de ces crimes et qui l’équipe nationale de foot celui du symbole de son parti.

    En 1964, je suis retourné en Guinée, voyageant dans un bateau bananier parce que ça coutait moins cher que le voyage par avion, pour passer quelques semaines de vacances. Le jour même de mon arrivée, j’ai été embarqué devant chez moi et mis dans un camion jusqu’au camp Boiro. Dans le camion un des miliciens m’a reconnu et me l’a dit. Je l’ai prié de dire que je n’étais qu’un étudiant à peine arrivé de l’étranger. Il m’a dit qu’il ne pouvait rien faire.

    Au camp Boiro, ils nous ont dit de nous asseoir par terre en se moquant de nous avec des expressions comme “pantalons tergal parterre”. Ils ont commencé à prendre nos noms et à nous faire entrer dans un petit bâtiment qui se trouvait à droite de la porte et de la table d’enregistrement.

    Ma chance a été que je me suis assis loin de la porte. En effet, mon père qui avait été informé de mon arrestation avait eu le temps de venir accompagné de Barry III, un de ses meilleurs amis, me chercher.

    Ma faute? J’avais accompagné des copains qui étaient venus me rendre visite jusqu’au bord de la route, à moins de 5 mètres de notre salon. La milice m’a arrêté parce que je n’avais pas mes documents dans mes poches. J’ai crié à un de mes frères de les prendre de ma poche qui se trouvait au salon. Avant qu’il n’arrive le camion était déjà parti.

    Il y a eu des gens qui ont passé des années dans les camps de concentration, subissant des tortures sans savoir pourquoi, ou tout simplement perdu la vie pour bien moins que cela.

    PLUS JAMAIS CA!

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