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Auparavant, le malheur de ceux qui traversaient Linsan n’était qu’une idée. À partir des États-Unis, je lisais des articles et écoutais des témoignages. Après avoir lu tant d’articles et vu tant de vidéos sur Facebook, j’étais graduellement devenu indifféré à la réalité Guinéenne. Tout ceci était au-delà de mon contrôle et de nature, je déteste débattre ou parler d’une situation que je ne peux pas résoudre. Cette indifférence était justement le produit de mon désespoir et de mon incapacité à agir. Hier, tout cela a changer. Cela est devenu une expérience ; une expérience à la « Guinéenne ». En route pour Labé, on a trouvé la déviation de Linsan submergée par le fleuve. Il n’y avait plus de voie pour la majorité des véhicules. On ne pouvait plus continuer pour Labé. Des deux côtés, les passagers se trouvaient bloquer. D’autres étaient arrivés depuis la nuit précédente. J’étais arrivé vers 11h45 et je les ai rejoints dans leur attente. La prière et la patience étaient devenus notre seul remède. Chaque minute, le nombre de voiture et de passagers se multipliaient.  Au bout de quelques heures, il n’y avait presque plus de voie pour revenir à Conakry. Le nombre de voitures qui attendait s’étendait jusqu’à la gare de Linsan.

Face à cette situation, j’ai été vraiment émerveillé par la résilience du bas peuple. La réalité est que la situation d’hier était évitable. Un gouvernement responsable aurait pris les précautions nécessaires. Malheureusement, dans la Guinée du professeur Alpha Condé, on trouve de l’argent pour voyager et pour financer des hôtels de prostitutions dont le taux de fréquentation est de 20-23% mais il est impossible de se procurer les fonds nécessaires pour construire ou réparer la route nationale ; une des voies rares dont l’économie du pays en dépend. Après trois heures d’attentes sans changement, j’ai décidé de revenir à Conakry. Au contraire de la majorité de ceux qui attendaient dans des taxis ou des camions, j’avais cette option. De plus, mon arrivée a Labé était important mais pas urgent.

ÊTRE PAUVRE EN GUINEE, C’EST ÊTRE CONDAMNE À VIVRE DANS L’INDIGNITE. La résilience du bas peuple a un sens mais elle a aussi une limite. La Guinée a besoin d’un peuple résilient et patient pour en finir avec l’impunité qui domine ce pays. Mais, la résilience ne peut jamais justifier le manque de critères et d’expectations. Une résilience sans critères et expectations n’est que la conséquence du désespoir. Peut-être, tout ce pays en est déjà là. Je n’étais surement pas émerveillé pas par des citoyens résilients mais plutôt par une collection d’individus sans ESPOIR.

 

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